femme lesbienne

Pourquoi la sexualité de la femme lesbienne est-elle difficile à appréhender ?

Avec les nombreuses expressions de genre qu’il existe de nos jours en France et à travers le monde, la sexualité de la femme lesbienne s’est plus que jamais complexifiée. En effet, parmi les femmes qui aiment les femmes, on distingue deux groupes. On a d’un côté les lesbiennes les plus masculines (butch) et de l’autre, les plus féminines (fem).

Le hic, c’est que la société n’a pas la même perception en ce qui concerne ces dernières. Si certains les perçoivent comme des hétérosexuelles, les autres les voient comme des traîtres qui se prêtent au jeu patriarcal. Leur orientation sexuelle serait-elle incompatible avec leur expression de genre ?

Pourquoi les femmes lesbiennes fem sont-elles quasi-systématiquement invisibles ?

La lesbian fem est vue comme une femme hétéro par la plupart des gens. Ceci, en raison de sa féminité accrue. En effet, elle est plus difficile à remarquer que les butchs, qui ont une expression de genre nettement masculine.

Car, à l’instar des femmes hétéros, elle est une grande adepte du maquillage, de cheveux longs et de talons. Parfois, la lesbienne fem doit se masculiniser pour se faire remarquer par les autres femmes, même au sein de sa communauté. Et comme si cela ne suffisait pas, elle subit régulièrement le sexisme. Du coup, assumer cette identité en société n’est pas une mince affaire.

Femme lesbienne fem : dur de l’être de nos jours !

Sara, une jeune femme qui a fait son coming-out lesbien récemment s’est exprimée à ce sujet. Elle affirme qu’elle doit faire face aux remarques désobligeantes des autres lesbiennes chaque fois qu’elle assume sa féminité en public. Celles-ci lui lancent très souvent des boutades : « les Dr. Martens, c’est pour montrer ton côté queer ? À quand la coupe sidecut ? ».

Mais si c’est déjà pénible pour les lesbiennes qui n’ont pas d’enfant, cela l’est doublement plus pour une mère homosexuelle. Celle-ci, en plus de tout ceci, peine généralement à trouver sa place dans la société. Et à tout cela, il faut ajouter la perception bisexuelle que d’aucuns ont d’elle notamment sur les sites de rencontre. En effet, comme le souligne Sara, « sur les applis de rencontre, on va toujours me proposer des plans à trois avec des mecs… parce qu’on suppose que je dois kiffer ça ».


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La lesbienne fem est-elle forcément hétérosexuelle ?

Toutefois, cette suspicion systématique de bisexualité envers les lesbiennes fem n’est pas nouvelle. Elle influe sur l’image que cette homosexuelle donne à la société depuis son coming-out. Car, d’aucuns pensent que le genre féminin est à la fois hétéro et homo. Ce qui, dans la réalité, n’est clairement pas le cas.

En effet, comme le mentionne Marie Kirschen, la rédactrice en chef de la revue lesbienne Well Well Well : « les identités fems sont parfois pensées – à tort à mon sens – comme moins radicales. Elles sont vues comme étant plus proches de la norme hétérosexuelle ».

Ainsi, le commun des mortels s’éloigne moins des normes de genre pour les femmes lorsqu’il est face à une expression d’identité féminine. Cependant, si la féminité paraît moins subversive, elle ne l’a jamais vraiment été. Plusieurs autrices en parlent d’ailleurs dans leurs œuvres littéraires. C’est par exemple le cas de :

  • Joan Nestle qui partage son expérience lesbienne des années 70 dans son livre intitulé Fem ;
  • Itziar Ziga avec son essai documenté titré « Devenir chienne» ;
  • Wendy Delorme dans son autofiction « Quatrième génération».

Dans ces ouvrages, les autrices mettent en lumière la dimension politique et subversive de cette identité qui souffre de nombreux clichés.


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Femme lesbienne fem : une identité female gaze ?

L’écrivaine française de littérature jeunesse et adulte abonde dans le même sens que ses homologues. Elle évoque dans son intervention un nouvel aspect que beaucoup banalisent : la dépolitisation de l’orientation sexuelle du genre féminin.

En effet, comme elle l’explique : « au sein comme à l’extérieur du milieu lesbien, j’ai l’impression qu’il y a une dépolitisation ». Malheureusement, cet état de chose constitue un frein à l’épanouissement des femmes plus féminines. « Tu as l’air plus bête et moins puissante quand tu adoptes des codes féminins, c’est du pur sexisme » poursuit-elle. Ainsi, faire son coming-out en tant que lesbienne et fem peut être vécu comme une double peine.

Effectivement, « c’est dur de prendre la parole et de se revendiquer en tant que lesbienne fem » souligne-t-elle. D’autant que la plupart des fems que l’on rencontre dans la société ont un passif hétéro. Ainsi, dans cette forme d’expression d’identité, il y a une forme de honte à s’afficher de manière très féminine.

Or, lorsque les lesbiennes assument leur féminité en public, ce n’est pas pour plaire au regard masculin. Mais plutôt pour séduire et attirer vers elles d’autres femmes. À l’inverse donc de la féminité hétérosexuelle, qui est destinée aux hommes, la féminité lesbienne ne cible que les femmes homosexuelles. Et ce, même si les codes féminins relatifs à ces deux constructions de genre sont similaires. Mais attention ! les avis sont mitigés à ce sujet.

Pour certaines, il faut voir le fait d’être une femme lesbienne fem comme une construction de genre très réfléchie. Et non pas comme l’expression d’une nature féminine. Puisque la femme fem ne s’habille pas pour :

  • afficher son lesbianisme;
  • séduire un homme ou une femme ;
  • se sentir bien dans son identité.

Cette expression de genre va bien plus loin que cela puisqu’il s’agit en réalité d’une construction sociale. Cependant, elle est tout à fait compatible avec un lesbian gaze. S’il en est ainsi, c’est parce que les looks fem comportent aussi des aspects queer qui interpellent l’espace public.


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Femme lesbienne noire et fem : une homosexualité encore plus difficile à assumer dans la vie quotidienne ?

femme lesbienne noire et fem

Pour de nombreuses lesbiennes, assumer son côté fem n’est pas évident. Cela se révèle encore plus complexe pour les femmes noires qui aiment les personnes du même sexe. Et qui sont au carrefour de plusieurs discriminations (racisme, transphobie, classisme, validisme, grossophobie, etc.).

Comme en témoigne Audrey, une parent quadragénaire noire et lesbienne, « parfois, j’ai eu l’impression que je devais justifier qui j’étais, pourquoi je venais là [dans un espace lesbien] à cause de mon apparence physique ». En effet, pour elle, le fait d’avoir tous les codes féminins à savoir des cheveux longs, des ongles soignés, du maquillage et des bijoux, n’y changeait absolument rien.

De plus, le fait qu’elle soit lesbienne fem et mère ne joue pas en sa faveur. Cela la case systématiquement dans la catégorie hétéro. Et donc, la freine dans son élan de trouver l’âme sœur. Comme elle l’explique : « au début je voulais dater des meufs qui ont des enfants, mais ce n’est pas forcément plus facile, car plusieurs problématiques se jouent, être parent peut aussi être un frein ».